Nous n'avions pas eu la chance de visiter un poste de traite à ce jour et en connaître tous les détails de son fonctionnement. Lors de notre visite à la Maison Louis Riel notre guide nous avait fait mention de la présence de ce Fort lequel selon lui saurait certainement nous intéresser. Alors durant cette semaine de repos dans le Parc Provincial Birds Hill le goût de la découverte fit son apparition et nous avons décidé de prendre la route vers ce nouveau lieu historique. Les premières images que nous avons eu sur le site étaient assez révélatrices de ce que nous allions découvrir. Dès notre entrée dans les mûrs du Fort un guide très coloré portant les habits du temps nous explique la facette historique des lieux. Nous apprenons qu'il n'y avait aucun conflit à cette époque et que le modèle du Fort ne servait qu'à impressionner la population en regard à l'importance et l'ampleur de la compagnie de traite. Le Fort Gibraltar a été construit initialement à la croisée des rivières Rouge et Assiniboine vers les années 1809-10 par la Compagnie du Nord Ouest et reconstruit par la suite ayant été victime de plusieurs incendies. Le Fort servait de point de relais pour y vendre les fourrures et obtenir en échange des biens provenant d'Angleterre. La monnaie d'échange se traitait en peaux de castors ( 1 peau de castor =$1.00) et tous les biens étaient en relation avec cette monnaie. Les peaux de castors étaient recherchées uniquement pour servir à la fabrication des chapeaux haut de forme portés à cette époque en Angleterre. Des centaines de Forts étaient dispersés au fil du territoire. Peu de personnes étaient admises dans le fort, uniquement les personnes invités par le bourgeois qui y était installé. Pour les autres, les transactions se faisaient à l'extérieur des mûrs de l'enceinte. La compagnie de la Baie d'Hudson fut la première à installer des Forts tout autour de la Baie du même nom pour effectuer le commerce de la fourrure avec les habitants, ses bateaux y faisant la navette durant la saison estivale. Vous comprendrez que les distances pouvaient être importantes si vous habitiez tout au Sud de la Province. Pour cette raison la Compagnie du Nord Ouest propriété d'entrepreneurs privés provenant de Montréal descendants d'Écossais pour la plupart installa ses Forts tout au centre du Continent et récupéra au fil de ses 20 premières années d'opération jusqu'à 78% de toutes les traites de fourrure Canadiennes. La Compagnie de la Baie d'Hudson avec ses 130 années d'opération ne pouvait accepter cette situation et des conflits de toutes sortes firent leur apparition. Comme les terres appartenaient à la Compagnie de la Baie d'Hudson cette dernière en 1812 décida d'établir une colonie sous la gouverne de Lord Selkirk en réponse à la construction du Fort Gibraltar. Une petite colonie de Métis chasseurs de bisons dont on y reconnaissait l'ampleur du troupeau à cette époque, de voyageurs canadiens-français, d'écossais et gens des premières nations habitaient déjà la fourche qui se développait à cette époque comme le centre intercontinental de traite des fourrures. Ce fut le début d'une guerre commerciale à finir entre les deux compagnies avec tout ce que cela comporte.
On y apprendra que les couvertures qui font encore la fierté de la compagnie de la Baie d'Hudson étaient fabriquées en Angleterre par une autre compagnie et que ces couvertures avaient été initialement importées au Canada par la Compagnie du Nord Ouest. Les couleurs des couvertures furent quelque peu modifiées pour permettre de différencier les 2 magasins. Des traits noirs furent introduits sur les côtés des couvertures (1-4) pour en identifier les différentes grandeurs et les prix en peaux de castors bien sûr.
On y apprendra que les fourrures étaient compactées en ballots rectangulaires pesant 90 livres chacun et que les voyageurs mesurant en général 5'6 pouces devaient en transporter 2 ballots sur leur dos lorsqu'ils étaient hors des voies navigables. La durée du voyage entre le Fort Gibraltar vers celui du Lac Supérieur ou encore celui du Lac Supérieur vers Montréal pouvait durer jusqu'à 4 mois de navigation et de longs portages. Les voyageurs présents au Fort durant l'hiver travaillaient à sa réparation et à son entretiens. Pas facile la vie de voyageurs.
Nous avons bavardé avec le forgeron du Fort lequel a la passion de fabriquer des éléments décoratifs à partir de tiges de métal. Utilisant les outils du temps, il a fabriqué devant nous une feuille de plante très détaillée qu'il nous a remis en guise de souvenir de notre visite au Fort...WoW..nous la conserverons précieusement.
Une visite très instructive qui nous a permis d'en connaître d'avantage sur les coutumes de cette époque et ainsi être en mesure d'associer différents éléments historiques ayant eu lieu au fil du temps dans le développement du Territoire du Nord Ouest.
Claude et Sylvie.
*Voir les photos dans Flickr « Fort Gibraltar MB 10 »*
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